Actuel
T’es un homme toi ?
La banlieue, on n’ose même plus en parler tellement c’est ringard. Nous bâclons la fin de siècle, la tête fringante vers le troisième millénaire, l'ère spirituelle pour tous les décloués du Vingtième. Tout va bien, nous revenons de tout de loin.
L’histoire, en gros, c’est pas facile mais ça se résume. A ça : CAP mon frère, CAP. L’univers des copeaux : il faut raboter l’existence. Il faut que ça rentre. c’est pas pour toi les vitrines avec ces blousons, ces CD et les bijoux fantaisie? Ton avenir, c’est le bleu. Pas celui de Miami Beach. celui de la graisse du moteur des autres. Le bleu de «chauffe Marcel». Mais je veux en jouir de la vie. Toutes ces devantures ! No way, mec. Interdit.
Alors le jeu, c’est : t’es un homme toi? Comment tu fais ? Oh, le con, et puis : bah ! Oui ! j’utilise la même shooteuse. On prend le même charter pour s’envoyer en l’air. T’as d’autres billets toi ? Bon alors. Faut alimenter le rêve. Plutôt que ça saigne. L’histoire c’est ça : la misère tue mieux et plus.
Sur scène, il y a quatre acteurs. Marc-Ange Sanz a fait l’alchimiste. Deux hommes, deux femmes, on ne peut plus nus transmutent la merde en or. l’or du théâtre, cette sorte de magie qui donne le jour à n’importe quelle nuit.
Ca lui a fait bizarre à Ravalec de s’asseoir dans ce théâtre. La nudité de ce fond de scène, et la salle où s’installe le spectateur, petites tables de bistrot, petite lampe tamisée de bordel. Puis le noir. Et la voix de Katleen Ferrier perdue entre le bruit des batteries électriques et Malher. Puis le gosse qui frappe sur une tôle avec son poing, ce qui lui reste.
S’il y a un théâtre où aller, Un pur moment de rock’n’roll, ça le fait
Patrick Piet