Pour votre pièce Le Château dans la forêt, vous dites vouloir réconcilier Robert Dhéry et Peter Handke. Pourquoi?


C'est une provocation. Robert Dhéry, le créateur des Branquignols, mérite pour moi autant de considération que Peter Handke. Très peu de gens ont pris en compte tous les paramètres de l'écriture théâtrale. Il y a Molière bien sûr. Et puis Chaplin pour le cinéma.


Chef-Lieu parle de la montée de l'extrême-droite et Hôtel du grand large, dédié au peuple de gauche, traite d'une succession présidentielle délicate. Vous considérez-vous comme un écrivain politique?


Après Chef Lieu, j'ai été étiqueté comme un auteur politique.


Stéphanie Loïk m'a d'ailleurs commandé Hôtel du grand large pour cette raison. C’est Marc-Ange Sanz qui finalement montera la pièce.


Mais dans mes pièces, la présence du vent est tout aussi importante. Disons que si je suis politique, je ne suis absolument pas militant



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«Est-ce que le fait d'avoir appris le métier d'acteur avec Jacques Lecoq induit chez vous une forme d'écriture ?»


Il y a différentes familles de théâtre. L'une d'elle, ce n'est pas la mienne, est littéraire. Certaines pièces sont des poèmes dramatiques.


Mais moi, je suis un auteur né du plateau. Comme Molière. J'ai cette prétention. Quand j'écris du théâtre, j'écris des actions, les actions physiques des acteurs sur le plateau. On apprend ça chez Lecoq, l'intelligence de débusquer des actions sous les mots. Entre les lignes de mes textes, il y a énormément de jeu. Et je me suis rendu compte que, malgré des enjeux stylistiques simples, mon écriture était très complexe pour qui ne connaissait pas le travail de Lecoq. Quand j'écris une pièce, je vois le jeu. D'ailleurs quand les acteurs jouent, pour moi c'est aussi de l'écriture théâtrale.


Vous avez travaillé avec le Théâtre du Mouvement (théâtre gestuel). Est-ce pour vous également un travail d'écriture?


Oui. Même s'il n'y a aucun mot, c'est un travail d'écriture. Philippe Gentil, Jérôme Deschamps ou François Tanguy ouvrent le champ à d'autres matériaux que les mots. Mais on parle rarement d'écriture à leur sujet.

Hôtel du grand large

d’Alain Gautré

L’Auteur : Alain Gautré