Pour Le Château dans la forêt, j'avais un désir de gosse de partir dès le lendemain visiter toute l'Europe centrale. Voyager, c'est un éveil par rapport à moi-même, à ma propre écriture. Ça me permet d'aller à la rencontre de mes intuitions mais aussi d'enrichir mes pièces de détails auxquels je n'aurais pas pensé. En écrivant Chef Lieu, j'ai éprouvé un plaisir d'acteur à pénétrer un peu l'extrême-droite.


Quelle est la place du théâtre aujourd'hui?


Beaucoup de gens s'ennuient au théâtre. Je ne crois pas que les artistes se rendent compte à quel point ils sont responsables de cela. Le poème dramatique a ses limites. Et la caste culturelle devrait réapprendre à siffler, à s'indigner de ce qu'on nous inflige. L'écriture n'est pas un moyen de changer le monde mais d'être lucide et d'en rire. On peut être dramaturge et clown.


Il ne faut pas systématiquement séparer Rabelais et Montaigne en pensant que l'un serait plus sérieux que l'autre


© Le Matricule des Anges et ses rédacteurs

Laurence Cazaux

Vous vous inspirez beaucoup de l'actualité. Dans votre dernière pièce, un personnage fait penser à Bernard Tapie et la situation est comparable à la fin du deuxième septennat de François Mitterrand. N'avez vous pas peur que ce réalisme réduise vos pièces ou les fasse vieillir très vite?


Quand Molière écrit Tartuffe, il pense à des personnes précises. Aujourd'hui, Les Affaires sont les affaires d'Octave Mirbeau fait un triomphe. Des tas de détails touchant à une époque révolue sont encore justifiés. Mon ambition est de décrire une comédie humaine de notre temps en créant des archétypes. Le côté factuel de l'actualité ne m'intéresse pas. Je ne cherche pas à me moquer ou à détruire. J'ai plutôt un souci brechtien de m'adresser au spectateur en tant que citoyen et de lui ouvrir un espace de compréhension.


Vous faites souvent un travail de reportages pour écrire vos pièces. Comment cela se passe-t-il ?


M'assoir à mon bureau pour écrire m'ennuie. Ce que j'aime, c'est jouer à écrire.

Hotel du grand large

d’Alain Gautré

L’Auteur : Alain Gautré